Robe de paysanne
J'ai trouvé une nappe à 30.- CHF dans mon supermarché, et comme elle a une merveilleuse texture naturelle, est composée à 95% de coton équitable et a de jolis motifs rayés, j'ai su que je devais l'acheter et faire quelque chose avec. Après un lavage rapide, j'ai cousu la robe dès le lendemain. Et je l'ai terminée en une journée ! Je ne pensais pas que c'était possible, vu ma lenteur habituelle. En l'occurence, j'ai déjà le patron, et il n'y a pas de finitions compliquées, le seul détail qui a pris un peu de temps c'est l'alignement des motifs du tissus dans les empiècements.
J'avais dessiné le patron à mes mesures à l'école du costume en suivant les instructions de l'excellent livre d'Elizabeth Friendship, Creating Historical Clothes. C'est le patron de base pour créer une robe à la française, la forme de base à partir de laquelle on peut ensuite créer une robe à plis Watteau. Le tissu m'a fait penser à une paysanne, j'ai donc choisi la version la plus simple du patron. La quantité de tissus était un peu juste, et j'ai du faire les manches en 4 morceaux.
Voici quelques détails sur le processus de fabrication, ou rendez vous plus bas pour les photos du costume final.
La nappe faisait 240 sur 170 cm et j'ai tout utilisé, il ne restait que ces tout petits bouts à la fin ! J'avais un tissu de lin assorti que j'ai utilisé pour doubler le corsage.
Je sais que les pans apparents à la taille comme celle-ci ne sont pas très exacts historiquement, mais je voulais faire quelque chose sur le bas du corsage et je n'ai pas pris le temps de chercher une solution astucieuse. Il y a donc des pans rajoutés, Et je perpétue une idée fausse de l'histoire de la mode. Pardon. Je n'ai aucune bonne excuse.
Puis, je me suis peut-être laissée emporter par les accessoires... Au total, j'ai fait 5 autres pièces à porter avec la robe, en commençant par un bonnet à froufrous, un tablier et un foulard avec de la quipure. Puis j'ai réalisé que je devais photographier cette tenue en plein hiver et cela m'a amené à me demander comment une femme de ce siècle se tiendrait au chaud. J'ai trouvé une autre écharpe en laine qui fonctionnait parfaitement et j'ai entrepris la tâche ardue de tricoter une paire de mitaines. Le tricot n'est pas quelque chose pour lequel je suis douée, donc je ne suis pas convaincue du résultat...
Enfin, mes éléments préférés : j'ai réalisé un chapeau et une capuche ! Le chapeau a été adapté d'un chapeau existant, que j'ai choisi exprès car il est fait d'un ruban de paille tressée, que je savais que je pourrais découdre et recoudre dans la forme que je voulais. J'ai commencé par enlever la bande intérieure et les décorations. Heureusement, ceux-ci étaient cousus et non collés, il n'y a donc pas de résidus de colle.
Ce type de chapeau est fabriqué en cousant une tresse de paille sur elle-meme en forme de spirale. Le bord était de la taille que je voulais, alors j'ai commencé à défaire les points sur le coté de la calotte, en gardant les fils de paille avec lesquels il était cousu, pour les réutiliser. Une fois que j'avais séparé la calotte du bord, les 2 parties reliées par une longueur de tresse, j'ai commencé a recoudre la spirale. J'ai étendu le bord vers l'intérieur, puis j'ai formé une nouvelle calotte plus petite et moins profonde. C'est un processus incroyablement satisfaisant.
Enfin, j'ai teint le chapeau dans un ton plus foncé pour atténuer le contraste de couleur beige-noir et j'ai ajouté du ruban sergé sur la couronne et le dessous pour faire des attaches. Le ruban est celui dans lequel la nappe était attachée, qui était de la longueur parfaite et d'une couleur assortie. ! J'ai aussi ajouté un nœud en ruban de velours car je n'ai pas pu résister à l'envie de donner à ma paysanne une petite touche de luxe.
Je suis tellement contente du résultat!
Et pour la capuche, c'est là que j'ai finalement fait quelques recherches correctes. Que portait une femme sur la tête pour sortir par temps glacial ? Un chapeau de paille me semble être trop estival, j'avais besoin de quelque chose de bien chaud. Et puis je suis tombé sur cette photo dans Le costume historique d'Auguste Racinet. Par miracle, on a les vues de devant et de derrière de celle-ci et nous pouvons voir le bonnet blanc a froufrous dessous. J'étais déterminée à essayer de le reproduire ! Après quelques essais, j'ai réussi à faire un patron qui fonctionne bien pour reproduire cette forme à partir de simples rectangles de tissus.